Le serment d’Hippocrate, datant environ des années 460 à 377 av. J.-C., reflète les connaissances médicales et les concepts sociaux de l’époque. Par exemple, les médecins n’étaient pas autorisés à partager leurs connaissances avec leurs patients et des profanes laïques – mais seulement avec leurs étudiants en médecine, leurs propres fils et les fils de leurs professeurs. De plus, le serment (d’Hippocrate) interdisait de pratiquer une chirurgie sur la vessie chez les hommes (pour retirer des calculs par exemple), une intervention réservée à du personnel qualifié pur cette tâche spécifique à l’époque lorsque cela semblait altérer la fertilité des hommes. L’interdiction de l’avortement dans le serment est limitée à une technique spécifique – un pessaire (un ovule vaginal), qui pourrait provoquer des infections létales.
Le serment d’Hippocrate archaïque et confessionnel (les étudiants devaient jurer par les dieux grecs païens) n’a pas aujourd’hui de fondement légal dans aucun pays. Il a été remplacé dans les pays démocratiques par des codes d’éthique et des lois démocratiquement promulguées réglementant la pratique médicale. La Déclaration de Genève et d’autres codes d’éthique récents placent le patient en premier rang et incluent de nombreuses directives absentes du serment d’Hippocrate. Par exemple, le code de déontologie de l’Association médicale canadienne favorise la formation continue, la communication empathique avec les patients, le droit des patients à refuser un traitement, l’utilisation raisonnée des ressources de santé et bien d’autres considérations éthiques louables.
Aujourd’hui, pratiquement toutes les écoles de médecine exigent une forme de serment de la part de leurs diplômés, mais elles sont en grande partie considérées comme rituelles et facultatives. Le serment d’Hippocrate original a été révisé et modernisé au cours des siècles pour refléter l’évolution des valeurs de la société, les changements législatifs et les nouvelles technologies médicales. En 1993, parmi les écoles de médecine américaines qui utilisaient encore une version du serment d’Hippocrate, seulement 8 % incluaient toujours l’interdiction de l’avortement et seulement 14 % celle de l’euthanasie. En 2009, une enquête menée auprès de 135 écoles de médecine aux États-Unis et au Canada a révélé que 11,1 % utilisaient une traduction non modifiée du serment traditionnel d’Hippocrate.
Sources:
Pro-choice Action Network, Hypocrisy and the Hippocratic Oath (1999) (original Hippocratic Oath reproduced here)
Hagop Kantarjian, MD, and David P. Steensma, MD, Relevance of the Hippocratic Oath in the 21st Century (2014)
The Pharos, The uses of oaths in the 21st century (2016)
Wikipedia, Declaration of Geneva, and Wikipedia, Hippocratic Oath